Les Grandes Grandes Vacances, ce chef d’oeuvre !

Après deux jours de « binge watching » intense, je me dois de partager avec vous ce qui me paraît être l’une des plus belles réussite de l’animation française de ces dernières années à la télévision. D’autant plus que j’ai eu la chance de pouvoir participer, un peu, à ce projet.

Un dessin animé qui aborde la guerre de façon intelligente

Ce dessin animé, il a pour nom « Les grandes Grandes Vacances ». Format inhabituel au sein de la production télévisuelle française, il compte seulement une seule saison de 10 épisodes de 26 minutes. L’histoire est celle de deux jeunes enfants qui viennent passer leur vacances chez leurs grands-parents en Normandie peu avant le début de la seconde guerre mondiale, et qui vont devoir, par la force des choses, prolonger leur séjour dans la campagne normande.

grandes_grandes_vacances_1Ainsi les 10 épisodes balaient l’ensemble des presque six ans de la guerre au travers les yeux de ces deux enfants et des aventures de leur petit groupe d’amis. Chaque épisode aborde un thème important : l’occupation, l’exode, la déportation, la collaboration, le régime de Pétain, la résistance et enfin la libération. Tout y est abordé sans rien négliger, au risque de quelques passages très durs et qui pourraient vous faire verser une larme ou deux. Mais finalement la guerre, c’est aussi ça non ? Et ce n’est pas parce que le média s’adresse aussi aux enfants qu’il doit éluder certains aspects.

Une prise de risque réussie

Si je parlais de format inhabituel, c’est parce qu’il est (très) rare que des producteurs et diffuseurs (= chaînes de TV qui mettent des sous) prennent le risque de s’engager sur un nouveau projet original qui ne pourra avoir plus d’une seule saison. Ces dernières années nous sommes plus habitués à voir débarquer des adaptations de livres pour enfants (Martine, Le Petit Nicolas, Mademoiselle Zazie, Tchoupi…), ou des suites de vieilles séries ou issu de licences existantes (les Mystérieuses Cités d’Or, Super 4, Les Lapins crétins …). De plus le sujet n’est pas simple à aborder, surtout quand il s’agit de parler à des enfants entre 6 et 13 ans. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le pari est vraiment réussi ! Nous sommes en présence d’un véritable chef d’oeuvre (oui oui rien que ça !).

C’est intelligent, c’est bien animé et c’est magnifiquement beau ! Les designs d’Emile Bravo (auteur de BD qui a notamment œuvré sur Spirou dernièrement) sont sublimes et donnent un aspect rarement vu en dessin animé qui fonctionne très bien et n’aura pas de mal à vieillir. Le rendu BD des personnages 3D fonctionnent parfaitement avec un contour toujours présent et au bon endroit et des bouches et des silhouettes très bande dessinées. Côté histoire, les personnages sont magnifiquement écrits, en peu de temps on les aime, on les déteste, on a peur pour eux, on est triste aussi. La réalisation de Paul Leduc est très inspirée avec des séquences très fortes, loin de la légèreté ambiante de Grabouillon sur lequel on le retrouvait avant. On se retrouve tantôt à hauteur d’enfant, tantôt à hauteur d’adulte quand la scène se veut plus grave. Les scènes de guerre de nuit m’ont rappelé certaines scènes du Château Ambulant de Myazaki, autant dire une référence.

Montrer la guerre aux plus jeunes

solidarite-et-delation-sous-l-occupationEnfin, je trouve que c’est un support extraordinaire pour faire comprendre aux nouvelles générations ce qu’était la guerre de façon ludique. J’ai d’ailleurs lu que de nombreux professeurs des écoles avaient décidé de s’en servir pour aborder le sujet avec leurs élèves. Quelle bonne idée ! D’autant qu’à la fin de chaque épisode un mini documentaire animé retrace une véritable anecdote de personnes ayant vécu la guerre étant enfant. Anecdotes qui ont servi d’inspiration pour la série.

Je pourrais en dire plus, mais je vous invite à écouter la critique de cette blogueuse vidéo qui exprime tout à fait mon ressenti après le visionnement de ces 10 épisodes.

Enfin je parlais que j’avais eu la chance de participer à ce projet. Effectivement à mon retour de Montréal en 2013, j’ai eu la possibilité de retravailler avec Blue Spirit, le studio où j’ai passé plus d’un an à Paris et où j’ai travaillé sur Martine, Les Mystérieuses Cités d’Or et Le Tableau notamment. J’ai ainsi travaillé directement avec les design d’Emile Bravo pour concevoir les pré-modélisations des décors en 3D. Grâce à ces scènes, les dessinateurs 2D pouvaient redessiner au propre par dessus les captures d’écran des scènes 3D. Pour plus d’infos, je vous invite à jeter un oeil au projet sur mon portfolio.

Bref si on veut que ce genre de projets continue à voir le jour, je vous invite à regarder cette série et en parler autour de vous ! Elle est disponible en DVD, ou en VOD (à 1€ l’épisode) ou en ce moment en replay sur CanalSat (à raison de 2 épisodes par semaines je crois).

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